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Page:Rolland - Beethoven, 5.djvu/26

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BEETHOVEN

Pour employer une expression qu’il aime à répéter :[1]

— « So dürfte ich noch auf einen grünen Zweig kommen… » (« Je pourrais encore reverdir, — avoir un nouveau printemps !… »)

En ce temps de surabondance créatrice, que n’embrassait-il pas ! Que de projets ! En dépit de la déclaration qu’il avait faite « qu’il n’écrivait plus rien que des opéras, des symphonies, de la musique d’église, tout au plus (höchstens) des quatuors » (20 décembre 1822), — nous l’avons vu s’emballer sur un pauvre thème à Variations de l’éditeur Diabelli, et y trouver tant d’amusement qu’il écrivait, écrivait, 10, 20, 25, « 33 Variations », qui sont des merveilles. Diabelli, inquiet de ce torrent, avait toutes les peines du monde à l’arrêter… Il était en conversations avec Grillparzer, pour collaborer à un opéra. Il avait à cœur de rendre à un des demi-dieux de son Olympe, J. S. Bach, un solennel hommage, en écrivant une Ouverture sur son nom (1822-23). — Enfin, et surtout, il consacrait tout le meilleur de 1823 au colossal achèvement de la Neuvième Symphonie.

Que devenaient, dans tout cela, les quatuors promis ? Quand s’y mettrait-il sérieusement ? Les avait-il oubliés ?

Il n’oubliait jamais rien. Il avait un esprit polyphonique. Il pensait, à quatre, à six, à huit ou neuf parties à la fois. Comme il le disait, précisément en cet été 1823, à Louis Schlösser, « je mets sur le chantier plusieurs travaux à la fois, et je suis sûr de ne jamais embrouiller l’un avec Vautre… Je porte mes pensées très longtemps avec moi, avant que je les écrive. Et ma mémoire est si fidèle que je suis sûr de ne jamais

  1. 22 juillet 1822, à son frère ; — 26 mars 1823, à Peters.