Aller au contenu

Page:Rolland - Beethoven, 5.djvu/25

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
19
LES DERNIERS QUATUORS

Qu’attendait Beethoven ?

Certes, il ne perdait point son temps ! Et ce n’était pas la force créatrice qui lui manquait. Elle était singulièrement réveillée, en cette fin d’année 1822 et dans l’année qui suivit. Il était à peine déchargé du poids énorme de sa Messe Solennelle[1], qu’il parlait d’en écrire deux autres (20 mars 1823, à Peters) :

« Car Beethoven peut écrire, Dieu soit loué ! Ou qui le pourrait, au monde ?… Ma santé s’est améliorée ; que Dieu me la rende tout à fait, et je puis satisfaire à toutes les commandes de toute l’Europe, et même de l’Amérique… »

    difficultés de paiement. — Beethoven en était-il devenu plus attentif à ménager le prince aux œufs d’or ? — En aucune façon ! Galitzin apprenait avec dépit que le second quatuor (en la mineur), qu’il avait commandé, avait été exécuté à Vienne, dès septembre 1825, six mois avant qu’il en reçût un exemplaire… Qu’on ne s’étonne donc pas que le mécène se soit refroidi ! Beethoven eut beau dès lors multiplier les instances et sommations. Le prince resta muet ; et Beethoven quitta ce monde, avant d’avoir obtenu les 125 florins qu’il réclamait. Plus heureux et plus tenace, le neveu de Beethoven réussira à se faire payer, — après une violente polémique, déchaînée par un article diffamatoire de Schindler, qui de nouveau faillit tout gâter. Ce fut Holz qui mit, en 1852, le point final à l’affaire.

  1. La première moitié de 1823 est occupée à trouver des souscripteurs à sa Messe. Le lancement de circulaires de souscription est fait par Beethoven, le 23 janvier, aux ambassades de Bade, Würtemberg, Bavière et Saxe ; le 4 février à Weimar ; le 5 février, à Mecklemburg et à Hesse-Darmstadt ; ie 6 février, à Berlin, Copenhague, Hesse-Cassel, Nassau ; le 17 février, au grand-duc de Toscane ; le 1er mars, à Paris. La lettre à Gœthe est du 8 février, celle à Cherubini du 15 mars. Les lettres aux rois de France et de Naples, du 7 avril. Galitzin dès le 2 juin, lui a obtenu la souscription du tsar. — Beaucoup de démarches, et peu de profit ! Que de temps perdu ! — Mais il lui en restait pour la composition. 1823 est la grande année de la Neuvième Symphonie.