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Page:Rolland - Beethoven, 5.djvu/262

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BEETHOVEN

[partition à transcrire]
(Cf. Nottebohm, II, p. 8.)

Dans son texte définitif, Beethoven a bien gardé cette disposition, pour la suite du morceau ; mais il a eu soin de l’atténuer pour l’exposition de l’Andante, en maintenant à la même octave les deux voix qui se répondent : car il s’agit bien d’un dialogue ; mais le juste sens artistique de Beethoven en a effacé le caractère de théâtre qu’il lui avait donné, d’abord. (Il faut penser que le théâtre a toujours exercé sur Beethoven un attrait qui n’a jamais été satisfait, et que les difficultés inouïes auxquelles son Fidelio s’est heurté ont contraint au renoncement, mêlé de regrets. D’où la revanche qu’il a prise dans beaucoup de ses œuvres instrumentales : elles lui ont été son vrai théâtre. Cette tendance, en quelque sorte immanente, s’est trouvée souvent en conflit avec son sens de grand artiste qui subordonne ses exigences dramatiques aux exigences plus hautes de l’unité et des lois propres de l’œuvre instrumentale). C’est le chant tout pur de la tendresse. Il ne s’y mêle pas ces préoccupations métaphysiques, dont le jargon vient, chez Wagner, déformer l’interprétation de Beethoven[1]. Les deux génies sont de deux espèces différentes. Chez Wagner, la tête marche

  1. « La force ravivée de ce charme, à lui propre, il l’exerce à présent sous une forme adorablement douce ; il y retrouve, ravi, le signe divin de l’Innocence intérieure, et il poursuit sans cesse cette mélodie, laissant tomber sur elle, sans arrêt, les rayons de l’éternelle lumière..., etc. » (Wagner : Beethoven).