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Page:Rolland - Beethoven, 5.djvu/266

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BEETHOVEN

de rôle, fragmentairement, par tous les instruments, s’enlace et s’enchevêtre amoureusement, en questions avides, qui n’attendent pas la réponse, avec une animation croissante : ce frémissement passionné reste pourtant, à part quelque sursaut, toujours retenu à la limite du f., des grands éclats, dans la région des p. cresc. dim., voilant le trouble du cœur aux regards du public.

Et l’on dirait que, dans la cinquième Variation, allegretto 2/4 (mes. 162-186), le voile soit complètement tendu. On ne voit plus la mélodie. Du thème n’apparaît plus que l’harmonie — et même « encore simplifiée et parvenue à un état de calme complet », comme l’écrit Vincent d’Indy, qui en fait, en quelques lignes, une pénétrante analyse : « C’est presque le silence… on attend toujours l’apparition de la mélodie : elle ne se produit jamais ; si parfois un timide dessin tente de se dégager, il se tait aussitôt, ne laissant que l’incertitude d’avoir été entendu… » Notons que ce dessin, cette demi-phrase qui émerge un instant du bourdonnement embrumé des tenues d’orgue, semble échappé de la sonate op. 101 :

[partition à transcrire]

C’est, on dirait, le Prélude qui crée l’atmosphère à la scène principale, — l’admirable sixième Variation (mes. 187-219) — adagio ma non troppo e semplice, — qui est le cœur de l’acte,


    J. de Marliave, s’en rapportant trop docilement à Theodor Helm, que son livre suit de beaucoup trop près : — « den fast erschreckenden Pizzicatoaccord… »