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Page:Rolland - Beethoven, 5.djvu/288

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BEETHOVEN

Car malgré tout cet étalage de force, l’élan se brise soudain : et revient la plainte, en écho de la mélancolique méditation du commencement (mes. 349 et suivé). Elle est bien lasse de cette agitation de bataille, qui maintenant se traîne, p. pp., entrecoupée, à la basse. Un Ritmo di due battute accentue chacun de ses pas, qui, par trois fois, reprennent la douloureuse descente. On dirait qu’elle cherche, en se traînant, à remonter les marches de l’escalier. Mais elle retombe, elle est sans forces, elle en arrive à un Poco Adagio, où elle redit sans se lasser sa plainte monotone :

[partition à transcrire]

dont l’expression simple et poignante (espressivo e semplice) étreint le cœur.

Mais un vent furieux se lève (tempo primo — mes. 383 jusqu’à la fin) ; et des profondeurs du violoncelle bondit l’emportement de la bataille, en un rapide cresc., qui, par les quatre voix ensemble, à l’unisson, conclut à une brutale affirmation de victoire — une élancée ff., qui « sauvagement s’écrase » (comme le dit très bien Marliave) contre deux accords monumentaux en ut dièze mineur[1]

La volonté de victoire a vaincu.

Ménétrier, qui retient et gouverne la danse, reste fier et ferme, tout entier, s’appuyant sur l’abîme de la Réalité ; il sait que tout cet enchantement n’était qu’un jeu, et il rit sur lui-même… » Je ne pense pas que pour Beethoven ce fût un jeu ; et je ne le vois pas rire…

  1. C’est ce qu’un commentateur, d’ailleurs instruit et fin, mais