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LA NOUVELLE JOURNÉE

voia !… Si vous croyez que je vais vous laisser revenir à Rome ! Vous n’avez rien à faire ici. Restez à Paris, créez, agissez, mêlez-vous à la vie artistique. Je ne veux pas que vous renonciez. Je veux que vous fassiez de belles choses, je veux qu’elles réussissent, je veux que vous soyez fort, pour aider les jeunes Christophes nouveaux, qui recommencent les mêmes luttes et passent par les mêmes épreuves. Cherchez-les, aidez-les, soyez meilleur pour vos cadets que vos aînés n’ont été pour vous. — Et enfin, je veux que vous soyez fort, afin que je sache que vous êtes fort : vous ne vous doutez pas de la force que cela me donne à moi-même.

« Je vais presque chaque jour, avec les petits, à la villa Borghèse. Avant-hier, nous avons été, en voiture, à Ponte Molle, et nous avons fait à pied le tour du Monte Mario. Vous calomniez mes pauvres jambes. Elles sont fâchées contre vous. — « Qu’est-ce qu’il dit, ce monsieur, que nous sommes tout de suite lasses, pour avoir fait dix pas, à la villa Doria ? Il ne nous connaît point. Si nous n’aimons pas trop à nous donner de la peine, c’est que nous sommes paresseuses, ce n’est pas que nous ne pouvons pas… » Vous oubliez, mon ami, que je suis une petite paysanne…

« Allez voir ma cousine Colette. Lui en vou-