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LA NOUVELLE JOURNÉE

revint frapper à la porte. Il s’excusa tranquillement, sans la moindre confusion de son manque de parole.

— Je n’ai pas pu venir, dit-il ; et ensuite, nous sommes partis, nous avons été en Bretagne.

— Tu aurais pu m’écrire, dit Christophe.

— Oui, c’était ce que je voulais faire. Mais je n’avais jamais le temps… Et puis, dit-il en riant, j’ai oublié, j’oublie tout.

— Depuis quand es-tu revenu ?

— Depuis le commencement d’octobre.

— Et tu as mis trois semaines pour te décider à venir ?… Écoute, dis-moi franchement : c’est ta mère qui t’empêche ?… Elle n’aime pas que tu me voies ?

— Mais non ! tout au contraire. C’est elle qui m’a dit aujourd’hui de venir.

— Comment cela ?

— La dernière fois que je vous ai vu, avant les vacances, je lui ai tout raconté, en rentrant. Elle m’a dit que j’avais bien fait ; elle s’est informée de vous, elle m’a fait beaucoup de questions. Quand nous sommes rentrés de Bretagne, il y a trois semaines, elle m’a engagé à retourner chez vous. Il y a huit jours, elle me l’a rappelé de nouveau. Et ce matin, quand elle a su que je n’étais pas encore venu, elle a été fâchée, elle a voulu que je