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LA FIN DU VOYAGE

servez de moi, pour écraser les jeunes. Lorsque j’étais jeune, vous m’auriez écrasé comme eux. Vous jouerez la pièce de ce garçon, ou je retire la mienne.

Le directeur leva les bras au ciel, et dit :

— Vous ne voyez donc pas que si nous faisions ce que vous voulez, nous aurions l’air de céder à l’intimidation de leur campagne de presse ?

— Que m’importe ? dit Christophe.

— À votre aise ! Vous en serez la première victime.

On mit à l’étude l’œuvre du jeune musicien, sans interrompre les répétitions de l’œuvre de Christophe, L’une était en trois actes, l’autre en deux ; on convint de les donner dans le même spectacle. Christophe vit son protégé ; il avait voulu être le premier à lui annoncer la nouvelle. L’autre se confondit en promesses de reconnaissance éternelle.

Naturellement, Christophe ne put faire que le directeur ne donnât tous ses soins à sa pièce. L’interprétation, la mise en scène de l’autre furent un peu sacrifiées. Christophe n’en sut rien. Il avait demandé à suivre quelques répétitions de l’œuvre du jeune homme ; il l’avait trouvée bien médiocre, ainsi qu’on le lui avait dit ; il avait hasardé deux ou trois conseils : ils avaient été mal