Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 10.djvu/243

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


L’action apaisante que Christophe exerçait sur Georges et sur Emmanuel, il en puisait l’énergie dans l’amour de Grazia. À cet amour il devait de se sentir rattaché à tout ce qui était jeune, d’avoir pour toutes les formes nouvelles de la vie une sympathie jamais lassée. Quelles que fussent les forces qui ranimaient la terre, il était avec elles, même quand elles étaient contre lui ; il n’avait point peur de l’avènement prochain de ces démocraties, qui faisaient pousser des cris d’orfraie à l’égoïsme d’une poignée de privilégiés ; il ne s’accrochait pas désespérément aux patenôtres d’un art vieilli ; il attendait, avec certitude, que des visions fabuleuses, des rêves réalisés de la science et de l’action jaillit un art plus puissant que l’ancien ; il saluait la nouvelle aurore du monde, dût la beauté du vieux inonde mourir avec lui.

Grazia savait le bienfait de son amour pour Christophe ; la conscience de son pouvoir

— 227 —