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ANTOINETTE

quelque institution d’enseignement, pour y donner des leçons, ou au Conservatoire, pour avoir le prix de piano. Mais les institutions auxquelles elle s’adressa étaient toutes pourvues de professeurs, qui avaient de bien autres titres que sa fille, avec son pauvre petit brevet élémentaire ; et quant à la musique, il fallut reconnaître que le talent d’Antoinette était des plus ordinaires, comparé à celui de tant d’autres, qui ne réussissaient même pas à percer. Ils découvrirent l’effroyable lutte pour la vie, et la consommation insensée que Paris fait de talents petits et grands, dont elle n’a que faire.

Les deux enfants prirent un découragement, une défiance exagérée de leur valeur : ils se crurent médiocres ; ils s’acharnaient à se le prouver, à le prouver à leur mère. Olivier, qui, dans son collège de province, n’avait point de peine à passer pour un aigle, était anéanti par ces épreuves : il semblait