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ANTOINETTE

en plaisantant pourquoi elle le regardait ainsi. Elle répondit :

— Je regarde un lâche.

Il ne fut pas interloqué pour si peu, et commença à devenir familier. Elle dit :

— Vous avez voulu me menacer d’un scandale. Je viens vous l’offrir, ce scandale. Le voulez-vous !

Elle était toute frémissante, parlait haut, et se montrait prête à attirer l’attention sur eux. On les regardait. Il sentit qu’elle ne reculerait devant rien. Il baissa le ton. Elle lui lança, une dernière fois :

— Vous êtes un lâche !

et lui tourna le dos.

Ne voulant pas avoir l’air battu, il la suivit. Elle sortit du musée, avec l’homme sur ses talons. Elle se dirigea droit vers la voiture qui attendait, ouvrit brusquement la portière ; et son suiveur se trouva nez à nez avec Mme Nathan, qui le reconnut et le salua de son nom. Il perdit contenance, et s’esquiva.