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JEAN-CHRISTOPHE À PARIS

crainte du scandale. Il fallait en finir, pourtant. Elle sentait que son silence ne suffirait pas à la défendre, que le drôle qui la poursuivait serait tenace, et qu’il irait jusqu’à l’extrême limite où il verrait qu’il y avait du danger pour lui.

Il venait de lui envoyer une sorte d’ultimatum, lui enjoignant de se trouver, le lendemain, au musée du Luxembourg. Elle y alla. — À force de se torturer l’esprit, elle était arrivée à se convaincre que son persécuteur avait dû la rencontrer chez Mme Nathan. Certains mots d’une des lettres faisaient allusion à un fait, qui n’avait pu se passer que là. Elle pria Mme Nathan de lui rendre un grand service, de l’accompagner en voiture, jusqu’à la porte du musée, et de l’attendre, un moment. Elle entra. Devant le tableau convenu, le maître-chanteur l’aborda, triomphant, et se mit à lui parler, avec une courtoisie affectée. Elle le regarda fixement, en silence. Quand il eut fini, il lui demanda