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JEAN-CHRISTOPHE À PARIS

d’achever les malheureux, déjà écrasés par la préparation de programmes monstrueux, dont aucun de leurs juges ne savait la dixième partie. On rendait compte des compositions, le lendemain de la fête du 14 juillet et de la cohue populaire, de cette gaieté si pénible pour ceux qui ne sont pas gais et qui ont besoin de silence. Sur la place à côté de la maison, des forains étaient installés, des tirs crépitaient, des chevaux de bois à vapeur mugissaient, des orgues de barbarie braillaient, de midi à minuit. Le vacarme imbécile dura huit jours. Puis, un président de la République, pour entretenir sa popularité, accorda aux hurleurs une demi-semaine de plus. Cela ne lui coûtait rien : il ne les entendait pas. Mais Olivier et Antoinette, le cerveau martelé, meurtri par le bruit, obligés de garder leurs fenêtres fermées et d’étouffer dans leurs chambres, se bouchant les oreilles, essayant vainement d’échapper à l’obsession lancinante de ces