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ANTOINETTE

L’heure de la séparation étant venue, Antoinette accompagna Olivier jusqu’à la porte de l’École. Elle revint. Elle était seule, encore une fois. Mais ce n’était plus, comme dans le voyage d’Allemagne, une séparation à laquelle il dépendait d’elle-même de mettre fin, quand elle ne pourrait plus la supporter. Cette fois, elle restait : c’était lui qui partait, c’était lui qui était parti, pour longtemps, pour la vie. Cependant, elle était si maternelle qu’à ce premier moment, elle songea moins à elle qu’à lui ; elle se préoccupait de ces premiers jours d’une vie si différente pour lui, des brimades de l’École, et de ces petits ennuis inoffensifs, mais qui prennent facilement des proportions inquiétantes dans le cerveau des gens qui vivent seuls et sont habitués à se tourmenter pour ce qu’ils aiment. Ce souci eut du moins le bienfait de la distraire un peu de sa solitude. Elle pensait déjà à la demi-heure, où elle pour-