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ANTOINETTE

à la recherche, à travers mille souffrances, dût-il marcher pieds nus, dût-il marcher pendant des siècles, si du moins chacun de ses pas l’avait rapproché d’elle !… Oui, même s’il n’avait eu qu’une chance sur mille d’arriver jusqu’à elle… Mais rien… Nulle part… Nul moyen de la rejoindre jamais… Quelle solitude l’entourait maintenant ! Comme il était livré, maladroit, enfantin dans la vie, maintenant qu’elle n’était plus là pour l’aimer, le conseiller, le consoler !… Celui qui a eu le bonheur de connaître, une fois dans le monde, l’intimité complète, sans limites, d’une âme amie, a connu la plus divine joie, — une joie qui le rendra misérable tout le reste de sa vie…

Nessun maggior dolore che ricordarsi del tempo felice nella miseria

Le pire des malheurs est, pour les cœurs faibles et tendres, d’avoir une fois connu le plus grand des bonheurs.