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JEAN-CHRISTOPHE À PARIS

généralement qu’une par pays : elle se prétend issue des anciens seigneurs de la province ; et elle descend, le plus souvent, de quelque acheteur des biens nationaux, intendant du xviiie siècle, ou fournisseur des armées de Napoléon) — les Bonnivet, qui avaient, à deux lieues de la ville, un château avec des tours pointues aux ardoises luisantes, au milieu des grands bois, semés d’étangs poissonneux, faisaient eux-mêmes des avances aux Jeannin. Le jeune Bonnivet était très empressé auprès d’Antoinette. Il était beau garçon, assez fort et corpulent pour son âge, ne faisant toute sa sainte journée que chasser, manger, boire, et dormir ; il montait à cheval, savait danser, avait d’assez bonnes manières, et n’était pas beaucoup plus bête qu’un autre. Il venait de temps en temps du château à la ville, tout botté, à cheval, ou dans son tape-cul ; il faisait visite au banquier, sous prétexte d’affaires ; et parfois, il apportait une bour-