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ANTOINETTE

les favoris sous le menton, par le refrain :

Plutôt joli que laid,
Madame, s’il vous plaît.

Elle entendait bien faire son choix, elle-même. Elle savait qu’elle était, ou qu’elle serait très riche, — (son père le lui répétait sur tous les tons) : — elle était « un beau parti ». Les familles distinguées du pays, qui avaient des fils, la courtisaient déjà, disposant autour d’elle un réseau de petites flatteries et de ruses savantes, cousues de fil blanc, pour prendre le joli poisson d’argent. Mais le poisson risquait fort d’être pour eux un simple poisson d’avril ; car la fine Antoinette ne perdait rien de leurs manèges, et elle s’en amusait : elle voulait bien se faire prendre ; mais elle ne voulait pas qu’on la prît. Dans sa petite tête, elle avait déjà décidé qui elle épouserait.

La famille noble du pays — (il n’y en a