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JEAN-CHRISTOPHE À PARIS

banque dans une ville d’eaux voisine, se fit tout rafler en un quart d’heure, et revint.

Son départ inopiné avait achevé de bouleverser la petite ville, où l’on disait déjà qu’il était en fuite ; et Mme Jeannin avait eu grand’peine à tenir tête à l’inquiétude furieuse des gens : elle les suppliait de prendre patience, elle leur jurait que son mari allait revenir. Ils n’y croyaient guère, bien que de toutes leurs forces ils voulussent y croire. Aussi, quand on sut qu’il était revenu, ce fut un soulagement général : beaucoup ne furent pas loin de croire qu’ils s’étaient inquiétés à tort, et que les Jeannin étaient bien trop malins pour ne pas se tirer toujours d’un mauvais pas, en admettant qu’ils y fussent tombés. L’attitude du banquier confirmait cette impression. Maintenant qu’il n’avait plus de doute sur ce qu’il lui restait à faire, il semblait fatigué, mais très calme. Sur l’avenue de la gare, en descendant du