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LA FIN DU VOYAGE

comme un traître, et tu m’as poignardé ; tu as lâché sur moi ton chien féroce, la passion ; j’étais sans force, tu le savais, et je ne pouvais lutter ; elle m’a terrassé, elle a tout saccagé en moi, tout sali, tout détruit… J’ai le dégoût de moi-même. Si je pouvais au moins crier ma douleur et ma honte ! ou les oublier, dans le torrent de la force qui crée ! Mais ma force est brisée, ma création desséchée. Je suis un arbre mort… Si je pouvais être mort ! Ô Dieu, délivre-moi, romps ce corps et cette âme, arrache-moi à la terre, ne me laisse pas me débattre dans la fosse, ne me laisse pas agoniser sans fin ! Je crie grâce… Achève-moi !