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LA FIN DU VOYAGE

Au débouché d’un bois, il se trouva près d’un village. Il rebroussa chemin : la vue des hommes lui faisait mal. Il ne put éviter pourtant de passer près d’une maison isolée, au-dessus du hameau ; elle était adossée au flanc de la montagne ; elle ressemblait à un sanatorium ; un grand jardin, exposé au soleil, l’entourait ; quelques êtres erraient à pas incertains par les allées sablées. Christophe n’y prit pas garde ; mais à un détour du sentier, il se trouva face à face avec un homme aux yeux pâles, figure grasse et jaune, qui regardait devant lui, affaissé sur un banc, au pied de deux peupliers. Un autre homme était assis, auprès ; ils se taisaient tous deux. Christophe les dépassa. Mais après quatre pas, il s’arrêta : ces yeux lui étaient connus. Il se retourna. L’homme n’avait pas bougé, il continuait de fixer, immobile, un objet devant lui. Mais son compagnon regardait Christophe, qui lui fit signe. Il vint.

— Qui est-ce ? demanda Christophe.

— C’est un pensionnaire de la maison de santé, dit l’homme, montrant l’habitation.

— Je crois le connaître, dit Christophe.

— C’est possible, fit l’autre. Il était un écrivain très connu en Allemagne.

Christophe dit un nom. — Oui, c’était bien