Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 9.djvu/340

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— Tu es revenu, tu es revenu ! Ô toi, que j’avais perdu !… Pourquoi m’as-tu abandonné ?

— Pour accomplir ma tâche, que tu as abandonnée.

— Quelle tâche ?

— Combattre.

— Qu’as-tu besoin de combattre ? N’es-tu pas le maître de tout ?

— Je ne suis pas le maître.

— N’es-tu pas Tout ce qui Est ?

— Je ne suis pas tout ce qui est. Je suis la Vie qui combat le Néant. Je ne suis pas le Néant. Je suis le Feu qui brûle dans la Nuit. Je ne suis pas la Nuit. Je suis le Combat éternel ; et nul destin éternel ne plane sur le combat. Je suis la Volonté libre, qui lutte éternellement. Lutte et brûle avec moi.

— Je suis vaincu. Je ne suis plus bon à rien.

— Tu es vaincu ? Tout te semble perdu ?

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