Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 9.djvu/343

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Et Christophe entendit, comme un murmure de source, le chant de la vie qui revenait en lui. Penché sur le bord de sa fenêtre, il vit la forêt, morte hier, qui dans le soleil et le vent bouillonnait, soulevée comme l’Océan. Sur l’échine des arbres, tels des frissons de joie, des vagues de vent passaient ; et les branches ployées tendaient leurs bras d’extase vers le ciel éclatant. Et le torrent sonnait comme une cloche rieuse. Le même paysage, hier dans le tombeau, était ressuscité ; la vie venait d’y rentrer, en même temps que l’amour dans le cœur de Christophe. Miracle de l’âme que la grâce a touchée, qui se réveille à la vie ! Tout revit autour d’elle. Le cœur se remet à battre. L’œil de l’esprit s’est rouvert. Les fontaines taries recommencent à couler.

Et Christophe rentra dans la bataille divine… Comme ses propres combats, comme les combats humains se perdaient au milieu de cette mêlée gigantesque, où pleuvent les

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