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LE BUISSON ARDENT

ner elles-mêmes, leur vénalité, leur veulerie, leur basse et peureuse aversion de toute supériorité, leur lâcheté oppressive, soulevaient la révolte ; les minorités énergiques — toutes les minorités — en appelaient à la force. Un rapprochement baroque, et cependant fatal, se faisait entre les royalistes de l’Action Française et les syndicalistes de la C. G. T. Balzac parle, quelque part, de ces hommes de son temps, « aristocrates par inclination, qui se faisaient républicains par dépit, uniquement pour trouver beaucoup d’inférieurs parmi leurs égaux. » — Maigre plaisir. Il faut contraindre ces inférieurs à se reconnaître tels ; et pour cela, nul moyen qu’une autorité qui impose la suprématie de l’élite — ouvrière ou bourgeoise — au nombre qui l’opprime. Les jeunes intellectuels, petits bourgeois orgueilleux, se faisaient royalistes, ou révolutionnaires, par amour-propre froissé et par haine de l’égalité démocratique. Et les théoriciens désintéressés, les philosophes de la violence, en bonnes girouettes, se dressaient au-dessus d’eux, oriflammes de la tempête.

Et il y avait enfin la bande des littérateurs en quête d’inspiration, — de ceux qui savent écrire, mais ne savent trop quoi écrire : comme les Grecs à Aulis, bloqués par le