Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 1.djvu/210

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mademoiselle Brissot disait :

— Ma petite sœur !

Et Monsieur Brissot, toujours gaffeur :

— Enfin !.. Vous y avez mis le temps !…

Ce pendant que Roger, agenouillé devant Annette, lui baisait les mains, et la suppliait du regard, craintif, un peu honteux, qui demandait pardon, et implorait :

— Ne dites pas non !

Annette, pétrifiée, se laissait embrasser ; la supplication de ces yeux qu’elle aimait achevait de la ligoter. Elle fit un dernier effort pour protester :

( — Mais je n’ai rien dit !..)

Mais elle vit passer dans les yeux de Roger un chagrin si sincère qu’elle ne put le supporter : elle s’obligea à sourire ; et le visage de Roger s’illuminant de bonheur, le sien rayonna aussi de la joie qu’elle faisait. Elle lui serra la tête entre ses mains. Roger se releva, en criant d’allégresse. Et ils échangèrent, sous les regards bénisseurs des parents, le baiser de fiançailles.