Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 3.djvu/307

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Mais la passion l’emporte… Non ! Il ne renonce pas ! Tant que reste une chance !… À l’instant des adieux, il demande seulement :

— Pardon !…
sans expliquer pourquoi.

Qu’elle se perde pour lui ! Il n’y a plus qu’une heure de jour…

Il est parti au début d’août, sous la garde de sa mère et de Mme de Mareuil.

Annette se retrouve seule, avec l’impossible dessein, qu’elle s’est engagée à tenter. L’heure est la pire pour une action secrète. Le danger s’est accru. Au relâchement du pouvoir, dans les premiers mois de 1917, a succédé un régime de contrainte et de délations. Le gouvernement, qui s’est piteusement effondré devant les graves révolutionnaires et les insurrections du printemps, — après qu’elles ont avorté, se venge de sa peur et de sa lâcheté. Commence l’ère des faux complots « défaitistes », dont le système hypocrite se généralise dans tous les pays Alliés. Une vaste usine à calomnies remplit de ses fétides fumées le ciel d’Europe et d’Amérique. Ce n’est pas une des moindres industries de guerre ! « Intelligences avec l’ennemi » : le mot-cliché, le mot menteur, qui autorise toutes les basses dénonciations ! « L’Union Sacrée contre la Trahison, »