Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 3.djvu/314

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et s’est assis près d’elle, pour parler à mi-voix) — il vous est matériellement impossible de tout faire, à la fois, en même temps ici et là. Un aide n’est pas de trop… Et j’ajoute, vous avez d’autres devoirs à ménager. Votre fils. Il ne faudrait pas risquer — si l’on peut autrement — de compromettre lui, son nom et son avenir, en vous faisant pincer. Il ne vous en saurait pas gré. Moi, je ne risque rien, que moi. Un homme seul, aujourd’hui, au marché, c’est pour rien. Laissez-moi, je m’y connais, vous organiser l’affaire ! À mes risques et périls ! Ce qu’on pourra, on le fera.

— Mais, Pitan, dit Annette, émue, vous ne connaissez même pas ceux pour qui vous voulez vous exposer !

— Je connais l’amitié, dit Pitan. Ils sont amis, tous deux. Vous êtes amis, tous trois. Nous sommes amis, tous quatre. L’amitié est un aimant. Il faudrait être plus dur que le fer, pour y résister.

— Le monde d’aujourd’hui y résiste très bien, dit Annette.

— Chacun sait, dit Pitan, que le monde d’aujourd’hui est un monde de géants. Mais nous, madame Rivière, nous ne visons pas si haut. Nous sommes tout uniment des hommes ordinaires.

Ils discutèrent le projet. Et Pitan s’y arrogea,