Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 3.djvu/335

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sion menaçante. Le train s’arrêta dans la campagne, obscure. La pluie persistante tombait, tombait, sur le toit et les vitres. Rien ne remuait plus, il semblait qu’on fût oublié au milieu des champs. Il faisait humide et froid. Annette s’endormit debout, calée entre la paroi et les voisins qui l’enserraient. Ses genoux et ses chevilles étaient endoloris. Elle mourait de fatigue. Elle rêva, — réveillée par les cahots du train qui repartait, — puis retombant, dans d’autres rêves.

Elle rêva de Marc et de Franz. Elle était dans une chambre, — sa chambre de province. Franz était venu la rejoindre. Ils allaient partir ensemble. Ils bouclaient les paquets. Ils étaient prêts… La porte s’ouvre… Marc… Franz disparaît dans la pièce à côté. Mais Marc l’a vu. Il a son mauvais sourire et l’expression fermée. Il s’offre à l’accompagner. Mais Annette sait qu’il veut livrer le prisonnier. Il se dirige vers la pièce, où Franz s’est retiré. Annette se met devant la porte. Marc dit :

— Laisse-moi donc, maman ! Je veux voir ce cher Franz. Nous avons à causer.

Annette lui crie :

— Je sais ce que tu veux. Mais tu ne passeras pas !

Souffle à souffle, ils restaient à se défier. Marc l’épouvantait. Son regard ironique eut une lueur