Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 4.djvu/105

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n’avait rien à lui reprocher. Elle était douce avec lui, et distante. Il avait envie de la serrer dans ses bras, de la secouer, de lui mordre la joue, ou ce bout de l’oreille, jusqu’à la faire crier :

— Je suis là ! Embrasse-moi, ou frappe-moi ! Aime-moi, ou hais-moi ! Mais sois là, avec moi ! Reviens !…

Elle ne revint pas.

Alors, il se décida. Il résolut de parler, le dimanche qui venait, le soir, après dîner.

Et ce fut ce dimanche-là qu’elle lui annonça brusquement, le matin, qu’elle partait… Déjà, elle préparait sa malle. Avec quelque embarras, elle prétexta des nouvelles qui la rappelaient en Suisse, plus tôt qu’elle ne pensait. Elle ne s’expliqua pas davantage, et il ne lui demanda pas de s’expliquer… Il était consterné.

Depuis une semaine, il attendait cette journée. Il avait mal dormi ; une partie de la nuit, il répétait ce qu’il dirait. Et maintenant… Ils allaient se séparer, avant qu’il eût parlé ! Car il ne le pouvait plus, dans la précipitation du dernier jour. Il lui fallait du temps, un soir de recueillement, et qu’on fût tout à lui. Comment l’eût-elle écouté,