Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 4.djvu/106

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de quel regard distrait qui suit l’aiguille de la pendule, courant vers l’heure du départ !…

Il était si habitué à réprimer ses sentiments qu’il accueillit sans une marque d’étonnement la nouvelle qui le frappait. Il aida silencieusement sa mère à ranger ses affaires de voyage. Ce ne fut qu’à la dernière minute qu’il fut assez sûr de sa voix pour dire, d’un ton dégagé :

— Tu avais promis de rester jusqu’aux vacances. Tu m’as volé trois mois…

(Cette pensée qu’il retournait en lui, avec rancune … !)

Annette y fut trompée ; elle n’y vit qu’un jeu de politesse familiale, à l’heure des adieux, pour dire : — « Reste donc ! » — quand on est sûr qu’on part. Elle répondit, sur le même ton d’amicale plaisanterie :

— Mais non, je t’en fais cadeau.

L’injustice le blessa ; mais il ne répliqua point. À quoi bon, maintenant ? Après tout, elle disait ce que, six mois plus tôt, il eût pensé. Comment aurait-elle pu savoir que, depuis, il avait changé ? Elle se rappela plus tard l’expression sérieuse qu’il avait, la regardant, debout, devant la portière du wagon. Sylvie aussi était là ; et elle ne