Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 4.djvu/132

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Germain en eût été heureux.

C’était encore trop. Franz fut contrarié. Il eût préféré, en ce moment, n’avoir pas à y penser. Mais puisqu’il y pensait, l’ombre d’un chagrin sincère passa sur son visage. Elle ne s’y installa point. Son esprit ingénieux à fuir ce qui pouvait troubler sa quiétude, s’empara du dernier mot d’Annette ; et il dit :

— Oui, quel bonheur c’eût été, de le partager avec lui !

La mélancolie et la joie étaient également sincères ; mais la phrase n’était pas dite qu’il ne restait que la joie. Et le nom de l’ami ne fut pas prononcé. Annette pensait à la parole désabusée du mort :

— Quand l’oubli tarde, on va au devant.

Franz était reparti dans son bavardage de poète amoureux. Amoureux de laquelle ? Il parlait de l’une à l’autre. Mais la présence de l’autre imbibait sa pensée, beaucoup plus que l’image de celle dont il parlait. Il ne la quittait pas des yeux, ses yeux la caressaient, il buvait l’air sur ses pas. Et brusquement, il s’arrêtait, saisi par un aspect du paysage qui venait d’accrocher son regard gourmand d’artiste ; et il s’extasiait sur les lignes