Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 4.djvu/131

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Elle ne le fit pas asseoir, elle le reçut debout, se jeta un coup d’œil dans la glace, tapota ses cheveux, et dit :

— Sortons !

Ils prirent un chemin de montagne, qu’ils avaient arpenté bien des fois. Bons marcheurs, ils allaient à grands pas. Annette se taisait. Franz, interloqué d’abord, vite reprit son aplomb. Il était gai, léger, enchanté de ses nouveaux jouets du cœur : ces deux femmes : (de leur amour il se croyait certain.) Comment ces deux amours s’accorderaient ensemble, c’était une question accessoire, qui ne l’occupait pas. Si inconscient de son égoïsme et si rempli de lui que, sans vouloir le moins du monde piquer la jalousie d’Annette, il lui énuméra les perfections de Mlle de Wintergrün, et s’extasia candidement sur la bonne chance qui l’avait conduit ici, pour y trouver le bonheur.

Le cœur d’Annette fut étreint, et ses lèvres allaient dire :

— Cette bonne chance, un autre l’a payée de sa vie.

Mais elle ne voulut point faire saigner le souvenir. Elle dit seulement :