Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 4.djvu/174

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par la force inconnue… Elle le plaignait, elle se plaignait… Allons ! relevons-nous ! C’est ainsi. Acceptons !…

Après qu’il eut fini, il craignait ce qu’elle allait dire. Elle se pencha sur la tête baissée de son fils, et la baisa. Il dit :

— Pourras-tu oublier, maintenant ?

— Non.

— Alors, tu me méprises ?

— Toi, c’est moi.

— Mais moi, je me méprise.

— Crois-tu que je ne me méprise pas aussi ?

— Non. Pas toi !

— On est homme, on est fier, on est vil…

— Non. Pas toi !

— Mon petit, ma vie n’est pas pure. J’ai erré, j’erre encore… Et il n’y a point que les actions ! Pour des êtres comme nous, le jugement intérieur n’est pas d’une simple police, qui ne punit que les actes. Ce qu’on veut, ce qu’on désire, ce qu’on a caressé des doigts de la pensée, n’est pas moins humiliant que ce qu’on a accompli. Et c’est terrible, tout ce qu’on a pensé !

— Toi aussi ?… Au reste, je le savais.

— Tu le savais ?