Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 4.djvu/175

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— Oui, je crois bien que c’est pour cela… c’est pour cela que je t’aime. Je n’aimerais pas quelqu’un qui n’eût pas senti, pensé, voulu, aussi, ce monde défendu.

Debout derrière lui, elle le serra sans parler. Après un moment, il dit, avec un soupir :

— Je comprends la confession, maintenant. Je me sens allégé.

— Oui, quand l’un peut tout dire, et que l’autre peut tout entendre. Mais moi, à qui ferai-je la mienne ? Il ne m’est point permis de parler.

— Tu n’as pas besoin de parler…

Dans le silence et la nuit, il récita :

« Tu es venu, ta main me prend, — je baise ta main — Avec amour, avec effroi, — je baise ta main… »

Elle tressaillit… Cette voix du passé !…

— Ô Dieu ! d’où sais-tu cela ?

Il ne répondit pas. Il continua :

« Tu es venu pour me détruire, Amour… » [1]

Elle lui ferma la bouche avec ses mains :

  1. Voir L’Âme Enchantée : L’Été.