Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 4.djvu/180

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l’éluder. Elle fit mine de se lever, pour chercher un objet, et dit, d’un ton léger :

— Eh bien, demande, mon petit !…

Mais il la retint à sa place, fermement. Elle dut se rasseoir. Il ne lâchait point prise ; il avait les yeux baissés. Il se força à prendre un air assuré. Il dit avec brusquerie :

— Maman, il y a une chose, dont nous n’avons jamais parlé… Toutes les autres sont à toi, je n’ai pas le droit de te demander… Mais celle-là, j’ai le droit, elle est à moi, aussi… Parle-moi de mon père !…

Il était sous le coup d’une violente émotion. Ce n’était pas d’aujourd’hui qu’il souffrait de sa naissance irrégulière. Elle lui avait valu, dans ses contacts avec la société, bien des froissements, dont sa susceptibilité se hérissait. Mais il avait trop d’orgueil pour en convenir.

Dès les premiers mois au lycée, il avait reçu — mais non pas encaissé sans paiement — plus d’une blessure. Elle n’étaient pas profondes. Les écoliers de Paris ont d’autres chiens à fouetter que de s’occuper de la conduite des père et mère,