Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 4.djvu/181

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— surtout pendant une guerre, qui chambardait toute morale et toute société. Le mépris goulu des femmes qu’affichaient la plupart de ces gosses ne les estimait bonnes qu’à la coucherie : ils ne leur eussent donc pas fait grief de leur liberté ; ils auraient craint de se montrer arriérés. Marc n’avait eu à subir que quelques réflexions grossières, mais sans méchanceté, de l’un ou de l’autre brave petit saligaud, qui peut-être pensait lui faire un compliment. Il ne l’avait pas pris ainsi. Il frémissait de toute allusion qui pût, même de loin, viser sa mère ; il était beaucoup plus ombrageux, pour l’honneur d’Annette, qu’elle ne l’eût été. La riposte, en pareil cas, était foudroyante. À coups de poing.

Plus tard, dans la visite de quinze jours qu’il fit à sa mère, en province, il saisit les regards des commères, qui jasaient en les épiant tous deux, et l’affectation de certaines bourgeoises à ne pas les voir, au passage. De ces impressions, il n’avait rien communiqué à sa mère. Mais elles ne contribuèrent pas peu à son aversion pour la province et à sa volonté de n’y plus retourner.

Ce n’était rien encore. Ceux qu’on n’estime point, on peut marcher dessus ce qu’ils pensent.