Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 4.djvu/227

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L’écluse avait toutes vannes — toutes veines — ouvertes. Les levées d’hommes se précipitaient. Ceux de vingt ans étaient partis. Ceux de dix-neuf étaient appelés. Ceux de dix-huit le seraient demain. Le tour de Marc venait.

La mère et le fils y pensaient tous les deux. Mais ils ne s’en parlaient point. Annette ne craignait pas seulement la guerre, elle craignait le silence de Marc. Elle avait peur de savoir ce qu’il pensait. Et puisqu’elle en avait peur, c’était qu’elle le savait.

À qui confier ses craintes ? S’il ne s’était agi que d’elle, elle les eût gardées pour elle. Mais il s’agissait de lui. Où demander conseil ? Sylvie ? Aux premiers mots, selon son habitude, Sylvie s’écria :

— La guerre ? Avant six mois, elle sera finie. Les Boches sont à bout.