Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 4.djvu/228

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Annette répliqua :

— Tu le dis, tous les six mois.

— Cette fois, c’est la bonne, fit Sylvie, avec assurance.

— Ta confiance ne me suffit pas, dit Annette.

— À moi non plus, dit Sylvie, puisqu’il s’agit de Marc. Tant qu’il n’était question que des autres, on pouvait se tromper ; c’était sans conséquence ! Mais pour notre gars, erreur est crime. Tu as raison. Si la guerre allait durer ! Avec ces imbéciles, sait-on jamais ? Quand tout paraît fini, ils recommencent. À présent, voici les Jonathans, qui entrent dans la danse ! Après, la Chine et les Papous ! Eh ! qu’ils dansent autant qu’il leur plaise ! Mais dans leur danse notre Marc n’entrera pas !

— Comment ?

— Je n’en sais rien. Mais ils ne l’auront pas. Que la guerre nous mange nos maris, nos amis, nos amants, on y consent : ils ont fait leur temps ! Mais notre enfant, — il est à nous, il est pour nous, je l’ai, je le tiens, je le garde !…

— Toutes les mères donnent leurs fils.

— Mais moi, je ne donne pas le mien.

— Le tien ?