Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 4.djvu/240

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— Eh bien, qu’est-ce que tu vois ? Que veux-tu ? Où vas-tu ?

Il ne répondit pas.

Annette ramassa son courage, et, la gorge serrée, elle lui demanda :

— Si la guerre venait te prendre, qu’est-ce que tu lui dirais ?

— Je lui dirai : — « Non ! »

Annette attendait le coup. Et quand elle l’eut reçu, elle tendit les mains, trop tard pour l’écarter.

— Pas cela !

Marc dit tranquillement :

— Veux— tu que je lui dise : « Oui ? »

Annette protesta :

— Non plus !

Marc contempla sa mère, qui se débattait :

(il y avait si longtemps qu’elle aurait dû, pourtant, être préparée à répondre !) Avec respect, avec pitié, il attendit qu’elle eût fait l’ordre dans sa pensée. Mais, au lieu d’arguments, elle n’eut à lui offrir qu’un émoi passionné :

— Non ! Non ! ne décide rien ! Tu ne peux savoir encore et juger par toi-même. Attends ! Il serait criminel de jouer toute ta vie sur une négation hâtive d’enfant qui n’a pas encore vécu !