Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 4.djvu/243

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— Quoi ? C’est franc ?

— C’est bien.

Il lui prit les mains, qui cherchaient à se dérober. Mais il avait bonne poigne.

— Regarde-moi !… Tu ne dis pas ce que tu penses !… Je veux que tu me regardes… Réponds-moi ! Ai-je tort ?… Qui est franc, de nous deux ? Toi, ou moi ?

Elle baissa la tête, et dit :

— Toi.

Mais aussitôt après, elle cria :

— C’est fou ! Je ne veux pas.

Elle avait fini par ramasser ses arguments. Elle tâcha de discuter :

— La franchise est d’être franc dans chacune de ses pensées, de ne tromper personne, ni surtout soi, sur ce que l’on croit. Mais elle n’exige pas de nous l’impossible : que nous agissions toujours et uniquement selon ce que nous croyons. Notre esprit seul est libre. Notre corps est enchaîné. Nous sommes enclavés dans une société. Nous subissons un ordre. Nous ne pourrions le détruire, sans nous détruire. Même quand il est injuste, nous n’avons que la ressource de le juger. Mais il nous faut obéir.