Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 4.djvu/242

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Il faut l’être, si l’on veut être capable d’aider ces hommes, dont tu as pitié. Et c’est pour eux aussi qu’il faut que la maison soit bâtie.

— Ce n’est pas l’affaire d’un jour. Pour bâtir, il faut durer.

— Il faut que les fondations durent. La plus haute construction commence par une pierre « Eris Petrus. » Je suis pierre.

— Tu es Marc. Tu es à moi.

— Je suis de toi. Je suis celui que tu m’as fait.

— Mais tu me sacrifies, moi ! Tu n’as pas le droit.

— Maman, c’est ta faute. Tu as voulu que je fusse vrai. Que je fusse un vrai homme, un homme vrai. Je ne sais pas si je pourrai. Mais je veux essayer… Soyons francs ! Tout le mal vient de ce que personne n’ose être sincère, au delà de cette ligne où les intérêts propres et les passions sont menacés. Arrivés à cette ligne, on trouve un biais, on ruse avec soi-même, comme ces pacifistes. Tu voudrais que je fusse sincère, mais tu ne voudrais pas que je le fusse, jusqu’à risquer mon bonheur et le tien. Est-ce bien ? Est-ce franc ? Annette s’entêta :

— Oui !