Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 4.djvu/55

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Après les quinze premiers jours de total abandon de l’âme à la douleur, où de la prostration le désespoir soudain surgissait par bonds, prenait l’homme à la gorge et la broyait — (Annette, plus d’une fois, la nuit, vint, de sa chambre voisine, calmer les sanglots de celui qui suffoquait sur l’oreiller) — la détente se fit… D’abord, une période de demi-torpeur meurtrie et de larmes en silence, comme le ciel de passage entre hiver et printemps, immobile et lassé, avec son soleil intérieur et ses muettes ondées… Puis, le réveil pudique de la convalescence, qui a honte de guérir et qui voudrait cacher le bien-être insolent de son retour à la vie, le temps des longs entretiens à mi-voix, pendant des heures, où le cœur a besoin d’épancher son flot renouvelé, mais il ne l’avoue pas — que tout bas, s’il est sûr d’une oreille complice…