Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 4.djvu/56

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Et puis, ils sortirent ensemble, Franz au bras d’Annette, s’appuyant, — à pas lents — par ces après-midi tièdes et voilées, où dans les feuilles mortes, sous les buissons calcinés, pointent les premières violettes ; et déjà, le printemps timide s’annonce sur les monts, tandis que la vallée sommeille encore, transie, dans le bleu sombre des brumes et des ombres. On pensait à l’ami. Il était avec eux. On eût dit qu’il attendait qu’ils fussent tous les deux, pour être avec chacun des deux. Chacun le sentait présent, dans la présence de l’autre. Mais quand ils étaient, chacun seul, ils ne le sentaient plus que lointain ; l’invisible présence se faisait ombre distante. Franz se pressait, en marchant, contre Annette, pour retrouver Germain. Il s’accrochait au bras de celle qui vivait, dans sa peur de perdre la main du disparu. Maintenant, il était prodigue en affectueuses prévenances, que rehaussait la gentillesse innée de sa nature aristocratique. Il chérisssait Annette, et il s’ingéniait à le lui prouver ; il ne pouvait plus se passer d’elle. Annette était touchée, mais sans illusions. Elle était une Française, qui sait bien voir les autres, même quand elle est partiale à leur avantage. Mais une Française est femme ;