Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 4.djvu/59

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

aimant !… Malgré la différence d’âge, elle faisait entre eux de fréquentes comparaisons. Car elle voulait considérer Franz comme un de ses enfants. Elle s’en autorisait pour excuser l’absorbante affection qui prenait la part de l’autre. Mais l’excuse était pipée, et Annette se trichait. Un instinct salutaire, malheureusement tardif, la poussait à se punir de trop penser à la peine qu’elle aurait, en partant. Mais le démon du cœur féminin est expert à trouver sa revanche. Il lui soufflait à l’oreille que, si elle restait, elle aurait le remords de n’être point partie ; et que, si elle partait, elle aurait le remords de n’être point restée. Le dernier permettait de caresser le sentiment secret. On sacrifie son désir inavoué, afin d’avoir des raisons, ensuite, de le dédommager. La question se posait, pour Franz, beaucoup plus simplement. Il poussa les hauts cris, quand Annette parla de le quitter. Qu’elle eût d’autres devoirs, il n’en voulait rien savoir. Il se trouvait lésé. Elle lui était devenue une habitude nécessaire ; il se montra affolé, à la pensée de la perdre. Annette, nullement choquée de cette exigence du cœur, secrètement flattée de cet accaparement, résistait mollement. Elle remettait de jour