Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 4.djvu/81

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ragots ; et sa petite police, qui connaissait son goût, avait toujours les mains pleines des scandales du jour. Sur-le-champ, il en flaira un dans les poches de Franck, qui s’avançait, avec un sourire circonspect et prometteur :

— Voilà le sire de Frangipane — (il prononçait : « Franck-tjipane » ) — qui apporte sa marchandise !… Allons, vite, mon petit, découvre ton panier !

Franck, flatté de la familiarité, vexé du sobriquet, qui lui allait trop bien, se mit au ton facétieux du patron, et, tout en tâtant l’ogre, commença d’esquisser le portrait sympathique et comique de Pitan. Il n’eût pas été bien loin, car l’auditeur impatient coupait sa description d’un narquois :

— Une belle âme… Tu n’as rien de mieux ?.,. …si le conteur ne s’était avisé de broder sur l’étoffe d’extravagants dessins, qu’il improvisait au goût de son public. Et voici que Pitan devenait l’amoureux transi d’une « honneste » dame, qui était à son tour la chaude amante de l’Autrichien, que Pitan avait fait évader…

Cette fois, le patron s’allumait :

— Qui c’est ?… Qui c’est ?… (criait-il, agrip-