Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 4.djvu/80

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l’un des deux penche, ou bien l’autre, c’est sans importance. Aux ordres de l’État !

« L’État » était le rayon de Franck. Il alla voir le « patron ». Il le connaissait depuis longtemps. Mais qui pouvait se vanter de le connaître ? Le diable d’homme faisait toujours le contraire de ce qu’on en attendait. Un terrain épineux, semé de chausse-trapes… Franck avança prudemment.

La chance le favorisa. Au lieu du coup de boutoir, dont le sanglier irascible honorait, à l’ordinaire, ses marcassins, il trouva l’animal tout guilleret : « il avait bien dormi » ; il frétillait… L’homme au masque de Mongol revenait d’un tour au front : tout allait bien ; on y mourait, sur place, et selon l’ordonnance, sans se faire prier. La ligne de défense était consolidée, et la vague allemande, une fois de plus, paraissait arrêtée. Le rude vieillard rentrait ragaillardi. La fatigue n’avait pas plus de prise sur son cuir que la sentimentalité. Il venait d’expédier le gros des affaires urgentes, que ses secrétaires lui avaient déblayées. Maintenant, il s’accordait, avant la séance de la Chambre, une demi-heure de récréation. Il aimait les