Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 5.djvu/177

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— « Cela ne doit pas vous gêner beaucoup. »

— « Tu veux dire que je marche dessus ? Ah ! ils sont pires que la vase du Danube. On y enfonce jusqu’au ventre. N’as-tu pas vu dans ce que j’écris ? »

— « Oui, j’ai bien vu la marque de vos doigts… »

— « Quand on remue l’homme à la pelle, on n’a pas le temps de se parfumer. »

— « Pour ce qui est de le remuer, vous êtes un rude terrassier. »

— « C’est le premier compliment que tu me fais. »

— « Je ne suis pas payée pour vous en faire, mais pour vous servir. »

— « Et c’est pour me servir que tu me rapièces ? »

— « Naturellement. Il serait certes plus commode de vous laisser vous montrer dans Paris, avec des trous dans vos habits. Mais du moment que je vous sers, je vous sers selon mes moyens, bien ou mal, mais en conscience. Et je ne veux pas… »

— « Que je montre mon cul à Paris ?… Mais, mon petit, je ne fais que cela ! C’est ma gloire. Si l’éloquence n’était, avec un type de ton calibre, salive perdue, je te jouerais Danton qui gueule : « Je leur montre la tête de Méduse !… » — Mais avec toi, pas de frais inutiles ! Installe-toi là, à cette table, et explique-moi, la sous-maîtresse, mes bévues de collégien ! »

Elle les lui expliqua, en camarade, sans embarras ; et il écouta bien sagement. Après, il dit :

— « Merci. Je te garde. Tu resteras ici pour revoir mon linge. Et en attendant, voici pour réparer le dommage que j’ai fait au tien ! Remplace cette robe que mes grosses pattes ont éclaboussée ! »

Mais Annette dit :

— « Rien, de la main à la main. Et quant à la robe, elle est assez bonne pour le travail. C’est plus prudent. Vous n’auriez qu’à recommencer ! »