Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 5.djvu/266

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pouvait, mieux que lui, voir clair dans la marche de l’affaire) — mais un simple mot, un cri de pitié, — moins : sa main tendue, qui presse la main cherchant dans l’ombre un appui, et dise : — « Mon petit !… » Elle ne dit rien, elle ne fit rien, elle entendit, elle attendit. Il attendit. Rien ne sortit. Il la voyait maintenant sans ombre, couchée sur le dos, tout de son long, la tête plus bas que le ventre, un bras pendant et une jambe, immobile, impudique, indifférente, le fixant d’un regard froid. Et dans ce regard, il lisait ce qu’il avait toujours soupçonné… Mais il s’était toujours refusé à le croire, surtout en face d’un aussi tragique dénouement : — une antipathie de femme pour Bouchard, muette, profonde, implacable, sans appel. Elle l’avait toujours détesté.

Il suffoqua… Les lèvres minces, et que barrait un sillon rouge, de la femme étendue, s’entr’ouvrirent froidement, pour lui dire :

— « Veux-tu une pipe ?… Non ?… Eh bien, va-t’en ! »

Il s’en alla sans un mot. Derrière lui, il entendit craquer les lamelles de parquet sous les pieds nus, et sur son dos, le grincement de la clef dans la serrure, que l’on fermait à double tour.