Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 6.djvu/182

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Et ils retombent, épuisés…

« Agrippe-toi et je m’agrippe à ton amour,
Comme lézards à la muraille… » [1]

Le lézard dort, l’œil ouvert… L’œil ne voit pas, il boit le soleil. Cela qui voit, c’est le flanc chaud contre la muraille, c’est tout le long corps déroulé… « Toi ? tu es là ?… »

Et l’on n’a même plus la force de bouger… Une lassitude immense, des siècles de lassitude à réparer… Qui se doutait qu’on avait ces nuits, ces nuits de non-sommeil à rattraper ?… Même quand ils s’étaient imaginé dormir, en ces mois d’exil, loin de leur terre, ils s’épuisaient dans des souffrances et dans des luttes, et le regret insatiable les rongeait… À présent qu’ils s’ont, qu’ils se « ré-ont », ils n’ont même plus la force de reprendre leur possession ; et c’est assez qu’ils la sachent là, contre leur flanc.

— « Je dors, je t’ai, tu m’as, je dors… »

Assia dort, elle dort… Elle n’aura jamais fini de dormir…

  1. « Arrinudo a mi querer
    Como las sulamunquesas
    Se arritnan a la pared
    . »

    (Copias populaires espagnoles).