Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 6.djvu/240

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Les vieux amis se trouvaient donc maintenant bien proches. Mais il était à craindre que le retour de l’un à l’autre ne se fût jamais produit, sans deux jeunes mains qui les poussèrent aux épaules : — « Avance ! avance ! » — des mains solides qui étaient expertes à lancer la balle.

Le bon génie, le jeune lutin qui rapprocha les deux vieux amoureux séparés par les fourrés de vingt années, dans la forêt magique du Songe d’une Nuit d’automne, n’avait rien d’un Puck, — que la gaîté. Elle était agile, certes, et son corps souple était capable, en se renversant, de toucher, debout, avec ses mains, ses talons. Mais elle ne passait point inaperçue ; et si la terre eût parlé, elle eût crié sous ses pieds. Ce qu’ils tenaient sous leurs plantes, ils le tenaient ; chacun de leurs pas disait : — « À moi !… À moi, la terre ! À moi, la vie !… » Et « moi », c’était une fille longue et robuste, comme un garçon, la tête ronde et tondue, le buste plat, large aux épaules, hanches effacées, les bras musclés, de longues cuisses, les mollets blonds et les pieds arqués. Elle était la fille de Julien. Georgette, de nom. Mais George elle était : un garçon. Et toute prête à marcher sur le dragon. Elle eût bien ri, à voir gigoter sous son talon le gros lézard… Rire, elle savait,