Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 6.djvu/262

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Elle répondit :

— « Ami, présente ! »

Presque aussitôt il l’aperçut, et elle vit à travers la fente son regard anxieux et fraternel. Il ne perdit pas son temps en exclamations. En un clin d’œil, il eut groupé des bonnes volontés, et hâtivement il les organisa afin de la dégager. Le travail était périlleux. La moindre erreur de mouvement risquait de faire tomber sur elle les lourdes masses, qu’un hasard avait tenues en suspens. Et cependant, il fallait faire vite. La langue du feu léchait presque les pieds de la femme étendue. Elle ne parlait point. Elle laissait taire. Mais à mesure que l’on dégageait ses épaules, elle sentait davantage la blessure. Et elle pensait qu’elle allait s’évanouir. Mais elle sourit avec confiance à son sauveteur qui lui libérait de la gangue, avec des précautions infinies, la tête emprisonnée et lui serrait entre les mains les tempes, en lui disant :

— « Courage ! cela va bientôt être fini. »

Elle dit : « 

— « Je n’ai point peur. Je suis dans vos mains. »

Il fut attendri de cette confiance :

— « Mon brave enfant… »

De la douleur, elle perdit connaissance. Quelques minutes… Presque aussitôt, elle la reprit. On avait réussi à la dégager, et on l’emportait. Elle dit :

— « Non ! Je veux, je puis marcher. »

L’ami lui dit :

— « Vous êtes blessée. »

Elle dit :

— « On aura le temps d’y penser. Il faut d’abord sauver les autres. »

Le wagon brisé était un brasier. On ne pouvait même plus s’en approcher. Les autres wagons avaient mieux résisté ; mais le feu devait les gagner, à leur tour. On